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1er note de lecture pour "Aussi les gens"
Reçu ce jour cette note de lecture qui fait bien plaisir.
La Poésie, partout
Jean-Louis MASSOT (auteur) et Thomas VENET (graphiste), Aussi les gens, Centre de Créations pour l’Enfance de Tinqueux, coll. « PetitVA ! », 2022, 40 p., 5 €
Elle est celle qui exige, qui s’apprivoise, qui s’esquive, qui invite, qui unit, qui exalte, qui sonde, qui illumine. Dans un même mouvement multiple. Elle est celle qui marche sous la pluie, « indifférente aux éclairs qui froiss[ent] le ciel », et qui ignore la proposition de protection. Celle qui ouvre le capot d’un minibus bleu et le remet en état de marche, offrant au voyageur, statique et mélancolique, l’opportunité de se reconnecter au mouvement. Celle qui repousse les contours du monde, qui enrobe les terrasses d’une authentique douceur lisboète. Celle dont le baromètre du bien-être se niche dans le ventre d’un chien réclamant des caresses. Celle qui se fait silence, parfois, quand l’impuissance l’étreint, devant accidents et catastrophes. Celle qui accompagne la mortelle chute des feuilles, avec plus de retenue toutefois que les marronniers. Celle qui ressent la nostalgie d’une enfance autour de grains de café invisiblement moulus. Elle est celle qui se décèle dans un geste, une lumière, un sentiment, une onde. Dans le quotidien ou le sublime, elle est celle qui anime les âmes, qui tisse des fils invisibles, qui éclaire ou obscurcit. La Poésie, partout.
Le carnet broché de Jean-Louis Massot, publié par le Centre de Créations pour l’Enfance, enrichit la collection de poésie contemporaine pour la jeunesse « PetitVA ! », qui « interroge le monde & son temps, les gens & leur rapport à l’ordre établi ». Aussi les gens se glisse gracieusement dans l’univers éditorial imaginé. D’un côté, il y a cette présentation graphique dynamique et composite, en noir et blanc, qui titille la curiosité et égaye l’esprit une fois l’ultime « poème » savouré. La proposition de Thomas Venet, faussement gratuite, se révèle en effet très réjouissante. D’un autre côté, il y a ces brefs textes, sans prétention, disponibles, qui s’approchent, s’investissent et se prolongent en toute simplicité. Ils personnalisent la Poésie, l’évoquent avec tendresse, s’intéressent à elle. On la découvre alors accessible et complexe, sous la plume taquine et grave de Massot. Elle n’impressionne plus, donne envie plutôt, et touche. Nous aussi, on lui céderait notre place dans le bus pour qu’elle n’attrape pas froid, on abandonnerait la préparation de cailles afin de lui gratter le dos, on ferait taire les importuns s’enquérant de savoir si elle mord, on voudrait qu’elle nous réconforte lors d’une « journée aux petits oignons ». Car elle nous est plus que jamais essentielle. La Poésie, partout. © Samia Hammami in Le Carnet et Les Instants, juin 2022
J'espère qu'elle vous donnera envie de parcourir les pages de ce recueil. Je le découvrirai en vrai ce samedi 11 juin au marché de la poésie de Sulpice, sur le stand 414 du Centre de Création pour l'Enfance de Tinqueux. Si vous passez par là il y est disponible depuis ce mercredi 8 juin. Pour acquérir un exemplaire dédicacé, envoyez un mail à jeanlouismauricemassot@gmail.com
A te, à vous lire. Amicalement, JL
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Avant St-Sulpice, cette note de lecture
Cette note de lecture de Georges Cathalo dans le N°14 de Terreaciel de juin 2022. Une mine de notes de lectures dans ce numéro. A donner envie ? (vous savez où trouvez ce recueil...)
Jean-Louis MASSOT : Abonné.e.s absent.e.s (Le chat polaire éd., 2021), 62 pages, 12 euros – avenue Maurice Maeterlinck, 13 – B 1348 – Louvain-la-Neuve ou lechatpolaire@gmail.com
Les brefs poèmes que Jean-Louis Massot a rassemblés dans ce recueil sont bien plus que des proses poétiques que l’on rattacherait sans peine à la comète de la « poésie du quotidien ». Cette simplification ne tiendrait pas compte de l’originalité de la démarche de ce poète qui fut pendant plus de 20 ans l’éditeur emblématique des Carnets du Dessert de Lune. Avec ce nouveau livre, Massot continue de creuser le sillon d’une poésie narrative qui plonge ses racines dans une réalité impitoyable : S.D.F., déclassés sociaux, vieillards solitaires,…Les multiples pronoms personnels utilisés cachent à peine l’émotion engendrée par des rencontres brutales au point qu’il est impossible de fournir des extraits de ces poèmes. On notera la place de plus en plus grande qu’occupe ici le téléphone portable, doux monstre présent une bonne dizaine de fois. Quant au poème « Note sans note », il résonne dans un espace glacial et testamentaire. Notons enfin que les peintures de Ronan Barrot ponctuent ce beau livre en forme de clin d’œil à Pierre Autin-Grenier dans une évidente filiation amicale.
© Georges Cathalo, itinéraire non balisé, N°9.