Dans ce petit recueil, dédicacé à Gérard Sendrey, un grand ami de Jean-Louis, que j’ai eu le plaisir moi aussi de fréquenter sur la Toile pendant les dernières années de sa vie au cours desquelles il m’a adressé, chaque jour, au moins un dessin, Jean- Louis Massot et son éditeur ont réuni des poèmes en vers ou en prose parus dans d’autres recueils ou revues au cours des années 1995/1998. Cet opus est une véritable anthologie, il regroupe des poèmes de très belle qualité que j’ai, pour ma part, lus avec un très grand plaisir. Ces poèmes sont courts, construits avec des vers de quelques pieds seulement qui leur confèrent une lecture très fluide. On sent bien que Jean-Louis a pratiqué l’art de littérature brève et même très brève, je me souviens des recueils d’aphorismes qu’il a publiés et que j’ai lus avec un grand sourire. Jean-Louis est un grand amoureux des mots, il leur fait une totale confiance, « Il confiait aux mots ce qu’il confiait aux gens ». Il en joue comme d‘autres jouent d’un instrument de musique . « ... / Les doigts sur les syllabes, / tu jouerais à épuiser les mots sérieux / jusqu’à ce qu’ils exhibent leurs faiblesses / et deviennent sucrés comme des oranges / ... ». Avec ses mots, Il dit la vie trépidante, enchanteresse, parfois un peu vacharde qu’il a connue mais aussi le temps qui file entre les doigts laissant la mémoire « Se rapprocher à pas de loup / de naguère ». Une pointe de nostalgie qui se glisse au creux d’un vers.
La vie c’est avant tout l’amour, Jean-Louis le célèbre au long de ce recueil. « A l’aube ou était-ce au crépuscule ? / j’ai écrit cette ode / Quelques strophes... / Evidemment qu’elles parlent / d’amour ! / Que fallait-il que j’écrive / d’autre ? ». Certes, il a parlé d’amour et même très bien, mais, comme attiré par une certaine forme d’héliotropisme, il a aussi vénéré le sud, son Ardèche natale. « Dans une région – plus bas vers le sud – où le temps a pris de l’avance sur les saisons quelqu‘un songe à tailler son verger ». La terre des pères et des mères l’appelle du fond de sa flore mais cet appel vient de plus loin encore vers le sud, de l’Italie qu’il semble aimer tout particulièrement.
Dans ce recueil, chaque texte est comme un petit diamant taillé avec amour et précision , j’ai noté ce court extrait pour illustrer mon admiration : « Il ramassait des instants immobiles de notre mal de vivre pour en faire des mélodies qu’il couchait sur du papier Vélin... ». C’est tout simplement beau !
Et pour conclure, je laisse la parole à un grand maître des lettres, Pierre Autin-Grenier qui a écrit un texte vantant les mérites et qualités de Jean-Louis, je n’en ai retenu qu’un maigre passage mais ô combien éloquent : « Je crois que si, Jean-Louis Massot a bien ce truc et il sait s’en servir. C’est un poète à l’esprit un chouia chevauchée par les fées ; ... ». « C’est bien pour ça que ça change tout et qu’il faut le lire... ». Même si personne ne sait ce qu’est ce truc, ce n’est pas très important, ça ne concerne que sa muse et lui.
Avant d’admirer les dessins de Gérard Sendrey réunis à la fin du recueil, je me permets ce petit clin d’œil issu du souvenir d’une pinte, ou plusieurs, bue avec quelques amis sur une table de La Fleur en papier doré, là où les surréalistes belges en ont bu de belles quantités.